Muette

L’Écorce des rêves 2

« Muette » : parce que les grandes douleurs le sont, dit-on, et parce que l’adolescence peine parfois à s’exprimer.

« Muette », donc, c’est la suite de « L’écorce des rêves ». Dans le premier opus, créé en 2016 et qui n’a cessé de tourner depuis, Louise avait 8 ans et convoquait dans ses rêves son père disparu, pour vivre avec lui toutes les choses qu’ils n’avaient pas eu le temps de vivre quand il était encore là.

Dans « Muette », Louise a 14 ans, un beau-père maître-nageur, une mère qui fait ce qu’elle peut, une psy fantasque et un ange-gardien qui prend les traits de Jean Seberg.

Mais en plus de tout ça, Louise a un problème : elle n’entend plus la voix de son père. Comme un souvenir qui s’efface, sa voix disparaît petit à petit et ça Louise ne le supporte pas…

« Muette » est une suite, un « sequel » comme on dit au cinéma. Mais bien sûr on peut voir le numéro 2 sans avoir vu le numéro 1, un peu comme « La Boum » ou « Twillight ».

Les personnages de « L’écorce des rêves » sont toujours là mais la distribution s’est étoffée. Si Louise ne conçoit l’univers que comme une chose informe qui tourne autour d’elle, d’autres ont malgré tout trouvé leur place dans ce petit monde : sa mère, son beau-père, sa psy et Jean Seberg. Louise est entrée de plain-pied dans l’adolescence, elle a une conscience plus aiguë de ses problèmes et sa bonne humeur a laissé la place à une colère sourde.

Pourtant, « Muette » est une comédie. Ce n’est pas parce que tout fout le camp qu’on ne peut pas en rire de bon coeur. Alors, comme dans « L’écorce des rêves », qui abordait joyeusement un sujet dramatique, « Muette » décide de parler de ce qui fait (un peu) mal en se fendant la poire. Le monde de Louise vacille, c’est vrai, mais il vacille en dansant, et joyeusement s’il vous plaît.

En revanche, si la musique est toujours bien présente, Louise ne chante plus, elle laisse ça aux autres et notamment à sa psy, qui aurait sans doute rêvé d’être une artiste.

Louise, elle, joue du piano, c’est sans doute sa manière à elle de laisser parler ses sentiments. Le père joue encore du violoncelle, c’est sans doute sa manière à lui de parler tout court. Et parfois de la guitare électrique les jours d’orage.

A l’image des facettes multiples des personnages et des émotions contradictoires que traverse Louise, la musique est très variée. Des chansons, du rock et même du classique pour finir. Elle est en partie composée par Solal Meschares et en partie par Gabriel Fauré. Et elle est – la plupart du temps – jouée en direct sur le plateau. D’ailleurs, osons le dire, elle n’est pas moins que le septième personnage de la pièce.

Comme sa petite soeur, « Muette » est donc une comédie en musique et en chansons. Et parce que Louise a grandi, son public aussi. Là où « L’écorce des rêves » pouvait parler à des enfants à partir de 5 ans, il faudra sans doute attendre 8 ans pour aller voir « Muette ». En revanche il n’y a pas d’âge limite. « Muette » n’est pas une pièce pour enfants. C’est une pièce pour (presque) tous qui ouvre des portes et qui tente de ne pas les refermer.

« Muette » donc, comme les grandes douleurs, mais aussi comme les joies intérieures.

 

 

Un spectacle écrit par David Nathanson

Mis en scène par David Nathanson

Avec : Camille Demoures, Julie Laufenbüchler, David Nathanson, Lætitia Poulalion et Pétronille de Saint Rapt

Lumières : Erwan Temple

Scénographie : Samuel Poncet

Son : Vivien Lenon

 

Prochaines représentations

Le mercredi 23 novembre 2022 : 11h à la SACD (7, rue Ballu 75020 Paris)
Le mercredi 23 novembre 2022 : 15h à la Manekine (Ponte Sainte-Maxence, Oise)

Photos : Lucas Lomazzi

Ce spectacle est délectable pour tout le monde. Est que l’on connaisse peu ou prou l’œuvre de Truffaut, il donne très envie de voir ou revoir ses films

Thierry Noisette / L'Obs

David Nathanson donne vie aux pensées épistolaires de Truffaut et maitrise parfaitement le sujet. On se laisse bercer par les mots et les notes, plongeant dans ce film en couleurs où chacun trouvera son compte

Marie-Céline Nivière /L'œil d'Olivier

En l’incarnant sans s’essayer à une ressemblance vaine, David Nathanson trace un lien entre le présent et l’époque de Truffaut

Gérald Rossi / L'Humanité

La musique fait des mots une histoire, un film, du cinéma. On tourne dans les mots du cinéaste, le comédien percute les phrases brillament et fait un bel hommage à François Truffaut

Toute la Culture

L’interprétation de Nathanson nous convainc avec aisance de cette sensibilité bouleversante de Truffaut qui transparaît à travers ses films. L’accompagnement musical est adroit et rafiné. Truffaut correspondance est un spectacle passionnant de haute qualité dramaturgique

Théâtre and Co

Un magnifique hommage au cinéaste et un spectacle essentiel, aussi fin qu’intelligent

Nicolas Arnstam / Froggy's Delight

Ce Truffaut Correspondance est d’une élégance et d’un raffinement dans son traitement scénique. Porté par l’excellent comédien David Nathanson et le pianiste Antoine Ouvrard, tous deux invitent le public à pénétrer dans ce que pourrait être l’intime du cinéaste grand amateur de mots, comme peuvent l’attester les lettres qu’il nous sera permis d’entendre.

Laurent Bourbousson / Ouvert aux Publics

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